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24.05.2014, 10:57 - lsi0v0g2k - Rank 3 - 33 Beiträge
Le rôle du plaisir dans la quête de soi de Montaigne Acta Fabula 1Rafal Krazek, en montrant que les Essais se construisent sur le principe d'une atomisation des idées et des modalités d'écriture des Anciens, et en particulier d'Epicure, prouve à quel point l'Autre permet justement à Montaigne de mieux se connaître. Les différences culturelles, engendrées par le gouffre temporel qui sépare l'Antiquité de la Renaissance, n'empêchent pas Montaigne de réinvestir les préceptes des grands sages, et de les agencer dans une uvre qui fait l'apologie de la diversité tout en reflétant avant tout son auteur. 2Il semble particulièrement intéressant, à partir de la démarche de l'auteur, d'interroger la relation entre l'emprunt à la philosophie du Jardin et la volonté de Montaigne de mieux se connaître en s'observant sans cesse. En effet, avant la lecture attentive de la philosophie du Jardin, il y a un Montaigne qui cherche l'autre disparu, notamment en la personne de son ami LaBoétie qu'il vient de perdre. La lecture de Lucrèce et le processus de réflexion qu'elle a amorcé débouche sur une véritable conversion de Montaigne. L'homme qui tente de se trouver a paradoxalement besoin de l'aide des grands sages de l'Antiquités pour s'observer sous toutes ses facettes. Sans nécessairement faire siennes toutes leurs idées, il en fait néanmoins le point de départ d'un parcours dont la balise principale est la philosophie du Jardin. Ce terme ne doit pas faire oublier que l'objectif poursuivi par le sage périgourdin n'a jamais cessé d'être de peindre sa forme maîtresse. Il veut rendre publique, plus que l'histoire de sa vie, celle de son moi, ce qui explique les nombreuses retouches de son ouvrage, pour coller autant que possible à ce sujet en constante transformation, soumis à la fuite du temps. Le lien qu'établit l'auteur entre la philosophie du Jardin et la vie et l'uvre de Montaigne est particulièrement pertinent. Son allerretour entre le texte des Essais et les sources antiques permet un éclairage incontestable des échos entre les auteurs. Les références au texte de Lucrèce sont particulièrement appropriées quand elles proviennent de l'exemplaire possédé par Montaigne luimême. Les notes de bas de page renvoient fréquemment le lecteur moins spécialiste vers des sources secondaires et des études sur les philosophes de l'Antiquité ou de la Renaissance mentionnés dans le livre et qui ont effectivement jalonné la démarche montaignienne. Puisque nous avons vu qu'il était impossible de parler d'emprunts en ce qui concerne Montaigne, dresser une liste des domaines dans lesquels Epicure et les autres l'ont influencé serait biaiser la démarche. Nous verrons que les principes épicuriens ont permis à Montaigne de se peindre sous toutes ses facettes, tout en dressant dans le même temps un portrait de l'humaine condition. 4Un événement particulièrement traumatisant de la vie de Montaigne, le décès de son ami intime LaBoétie, précède sa lecture de De Rerum Natura (d'après les dates de l'édition possédée par Montaigne) et l'écriture des Essais. Sans pouvoir établir un lien direct entre le décès de LaBoétie et la lecture de Lucrèce, il paraît clair néanmoins que le processus d'écriture qui les a suivis a joué un rôle thérapeutique pour Montaigne. LaBoétie se retrouvait dans les principes de la philosophie des stoïciens et cherchait à y amener Montaigne. Sa disparition prématurée marque un manque énorme qui va pousser Montaigne à aller se chercher dans d'autres systèmes philosophiques. L'édition de Lamblin de cet ouvrage, largement annotée par le sage périgourdin, a énormément influencé sa perception de la philosophie du Jardin, laissant peu de place aux autres sources épicuriennes. Le désir, origine du mouvement, naît du manque. La disparition de l'ami cher, crée chez Montaigne un manque qui va le mettre en branle vers une recherche des plaisirs tels que les concevait Lucrèce. La démarche est compensatoire, consolatrice, et même thérapeutique. Discours et thérapie déguisés 5Montaigne, Lucrèce et picure appartiennent à des pays et des époques différentes. Ils ont pourtant tous vécu des temps de troubles politicoreligieux qui ont bouleversé les fondements de leurs états respectifs. Dans un tel contexte, il n'est pas étonnant qu'il ait fallu, pour chacun des trois philosophes désireux de transmettre une philosophie en décalage avec les institutions religieuses, déguiser ou du moins habiller, leur discours. La philosophie épicurienne, qui n'a pas besoin de révélation divine pour mettre en uvre les principes de sa morale, est malgré tout très proche à de nombreux égards de l'éthique chrétienne. Elle n'en est pas moins un danger imminent pour le pouvoir ecclésiastique de la Renaissance. Selon le Jardin, la liberté ultime de l'homme repose sur ses propres sens et sur sa raison naturelle. Interdits et scandales entourent donc la philosophie du Jardin et il n'est pas étonnant qu'il faille trouver des moyens de médiatisation nouveaux pour transmettre,http://www.lastbarons....y/nike-free-run-pas-cher/, malgré tout, le message épicurien à l'époque de Montaigne. La diffusion d'abord altérée, se fait dans une liberté relative au moment où Montaigne est encore étudiant du collège de Guyenne. lève de Muret, professeur qui a contribué à l'édition de Lucrèce de Lamblin, Montaigne est exposé, jeune, aux préceptes des épicuriens. De cette rencontre, découle son attachement particulier à Lucrèce dont la force poétique joue un rôle thérapeutique pour Montaigne. Cette connivence esthétique est à l'origine des passages les plus lyriques des Essais, qui déguisent toujours le message épicurien. Le fait que Montaigne reste muet sur sa propre foi, ailleurs particulièrement loquace même sur des sujets très intimes, se retranchant derrière le nous rassurant de la collectivité, constitue le point de départ du démantèlement de sa stratégie. Par cette attitude inhabituelle, il pousse au questionnement. 6Dans son chapitre le plus religieux, intitulé L'Apologie de Raymond Sebond, Montaigne soulève la problématique de la foi et de la raison. Il semble à première vue adopter une position fidéiste et parfaitement orthodoxe en constatant que seule la grâce divine peut révéler Dieu et donner la foi. La raison humaine ne semble pas avoir sa place dans le débat. Le sage périgourdin pousse pourtant la logique chrétienne de la foi à ses limites rationnelles, en la confrontant aux pratiques religieuses des hommes qui l'entourent, prouvant dans un pied de nez, et par l'accumulation d'exemples, que la foi est totalement absente de la vie des Chrétiens. En filigrane, Montaigne cherche à faire comprendre, qu'aux moments extrêmes de la vie, quand les choix déterminent entièrement le futur, le discours religieux s'efface derrière l'instinct animal. Au moment de la mort en particulier, les masques tombent et l'homme se présente dans la réalité des choses et dans sa nudité. La nature, sous forme d'instinct de survie, est toujours la plus forte. Il entend cependant montrer que les réflexions sur la religion qui proviennent de l'auteur luimême sont tout à fait logiques et rationnelles. Les propos fidéistes de Montaigne concernant son adhésion aux dogmes et aux articles de foi de la religion catholique deviennent, dans cette démonstration, une stratégie pour pouvoir au contraire transmettre un message épicurien. En tout état de cause, cet antagonisme apparent invite au débat, non pas parce que Montaigne entend mettre au jour l'identité de ce qu'il appelle une puissance supérieure, mais parce que les Dieux sont chez Lucrèce et chez Epicure une des causes principales des angoisses humaines. Montaigne revendique la supériorité du plaisir en tant que mobile principal des actions humaines, et ce faisant, se préoccupe des ronces qui empêchent d'y accéder. Calmer ses angoisses 8La philosophie du Jardin cherche à neutraliser les effets négatifs de la religion sur la recherche des plaisirs et du bienêtre. Les deux principales angoisses humaines sont les Dieux et la mort. Afin de renverser la spirale négative, il s'agit d'envisager les Dieux comme un modèle de perfection vers lequel l'homme devrait tendre pour son propre bonheur. Le mouvement serait alors positif, accompagnant l'individu dans un élan vers la meilleure partie de luimême. Montaigne applique cette vision des choses à une religion monothéiste. Dieu, dont les voix sont impénétrables, est tenu à une distance infranchissable des hommes. Pour neutraliser les effets négatifs, non pas de la religion, mais des passions humaines qu'elle déchaîne,lastbarons nike free run, il s'agit de dissocier Dieu de toute ressemblance humaine. C'est surtout la conception positive du Dieu modèle, par opposition à la peur du châtiment, que Montaigne a voulu adopter et qui teinte toute sa philosophie de la mort, cet autre spectre effrayant. Refusant d'admettre un point de contact entre la vie et la mort qu'il voit comme la fin de tout, l'auteur des Essais n'envisage pas la séparation du corps et de l'âme comme un moment à craindre. Ainsi se prononcetil contre la théâtralité dont la religion entoure les derniers instants. Elle lui apparaît comme un quart d'heure sans conséquence, sans nuisance [qui] ne mérite pas de préceptes particuliers(III,12,102 ![]() La recherche du plaisir 9Nous avons jusque là beaucoup parlé de mouvement. L'aspect autobiographique des Essais n'est pas contradictoire avec cette volonté de trouver une forme d'ancrage: la quête d'équilibre est une quête d'identité. Certes, nous pouvons constater avec lui et avec ZbigniewGierczynski, que le fait même d'observer est un élément qui demeure stable. Mais n'estil pas également possible de voir Montaigne comme un philosophe empiriste avantgardiste pour qui toute connaissance vient des sens. Son observation empirique de l'identité l'amènerait à conclure à un moi soumis aux ravages du temps. Passer à la loupe, ce moi vole en mille fragments qui sont autant d'éclats qui le constituent. Quoiqu'il en soit, Montaigne en mouvement est une évidence. 10Dans le même temps, l'importance accordée à la santé rappelle que la stabilité et l'équilibre, sont les conditions sine qua non du bonheur dans le contexte de la branloire pérenne. Lorsque l'homme parvient à se libérer des malheurs engendrés par les aberrations de la pensée (nous avons vu l'exemple de l'angoisse de la mort), il peut s'épanouir des plaisirs de la vie. Pour cet auteur, l'idéal épicurien d'éterniser le plaisir dans le moment présent, repris par Montaigne dans son uvre, rend par le même geste éternelle la santé. Pour l'auteur des Essais,nike free pas cher, l'homme qui possède la pensée devrait savoir se contenter de la lumière du soleil, n'ayant besoin de rien d'autres pour être heureux. Finalement, le plaisir éprouvé est le résultat d'un état d'harmonie avec le milieu naturel et avec soimême. Cette plénitude existentielle est très proche de la définition de la bonne santé. 11Contrairement aux stoïciens, les épicuriens, comme l'explique Montaigne, ne cherchent pas les occasions de se faire éprouver et n'entrent dans le combat que lorsqu'ils ne peuvent éviter le malheur. Le plaisir et la douleur constituent ainsi les deux pôles opposés qui orientent le parcours de chaque individu: ils sont le fondement naturel et la force motrice de l'existence. On cherche à allonger les plaisirs de la vie de manière intuitive. Montaigne, atteint de la maladie de la pierre, ne nie pas l'existence de la douleur. Il s'agit de l'éviter le plus possible, tout en étant capable quand elle s'impose au corps, de la combattre. Cette lutte consiste en une observation physique des états successifs du corps malade afin de ménager les accès de la maladie et d'en mieux supporter la douleur. cette méthode s'ajoute un travail positif de l'esprit, qui dans les mots de Montaigne transforme la maladie en source de sagesse, par la force des exercices spirituels. Au sage périgourdin de constater que la nature vuide en ces pierres ce qu'elle a de superflu et de nuysible(III,13,1072). Se libérer: dompter sa vie par des exercices spirituels 12L'âme qui loge la philosophie doit, par sa santé, rendre sain encores le corps(I,26,160), déclare Montaigne pour qui le discours philosophique doit égayer et réjouir celui qui le pratique en le conservant dans un état de contentement mais aussi de vigueur et d'activité. Les exercices spirituels sont le moyen de mieux vivre sur la terre en facilitant l'état de plaisir. Ils ne sont cependant jamais gravés dans la pierre comme des antidotes infaillibles. La philosophie, respiration de la vie, doit s'adapter aux mouvements de la branloire pérenne. Rien d'étonnant pour un philosophe qui n'a cessé de décrire le corps et l'âme comme des vases communicants, reprenant la métaphore d'Epicure. 13Quand il sent par exemple que la santé et l'allégresse naturelles se dérobent, Montaigne recourt à l'imagination pour se transporter dans les temps heureux de sa jeunesse. Il s'agit de détourner son regard du présent,http://www.lastbarons.fr/category/nike-free/, marqué par la maladie et la vieillesse, pour le diriger vers des pensées folastres et gayes. Ce regard rétrospectif n'empêche pas la méditation sur la mort, qui permet de se tenir prêt et de calmer les angoisses métaphysiques qui y sont liées. Dans Que philosopher c'est apprendre à mourir, Montaigne rend explicite ce lien entre l'exercice philosophique et le bien vivre. En effet, se préparer à la mort, c'est se rendre disponible aux plaisirs de la vie. Les exercices spirituels à l'imitation des Anciens ont eu le double effet de libérer Montaigne de son vivant et d'offrir les Essais à la postérité, puisqu'il est possible de voir dans l'ouvrage un enchaînement de ces exercices philosophiques. Malgré les apparences de facilité et de fluidité caractéristiques du texte montaignien, la visée principale de l'entreprise d'écriture est une transformation du climat intérieur pour aboutir à un état d'équilibre psychosomatique. 14En proie à un manque brutal dans sa vie, Montaigne se nourrit des dépouilles laissées par son ami disparu. Les ouvrages de la bibliothèque de LaBoétie, qu'il feuillette dans ses accès de mélancolie, sont graduellement digérés et engendrent un être nouveau, lui révélant cette forme maîtresse qui se dérobait sous ses yeux et qu'il tente de retranscrire dans les Essais. La relation de réciprocité qui s'établit entre Montaigne et ses sources, imite, prolonge et remplace celle qu'il avait avec LaBoétie. En dernier lieu, il me semble que l'exercice spirituel qui découle d'une philosophie ouverte à la vie, tient bien sa promesse dans l'être qui se crée sous la plume de Montaigne.15Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition(LesEssais,III,2), écrit Montaigne. Faire de son moi la matière première et dernière des Essais, c'est la tentative de Montaigne pour dire l'humanité. Le mouvement vers soi cache une double démarche: se connaître pour se dire et viceversa. En essayant de tracer les contours de sa personnalité, Montaigne tente de se déterminer plus clairement: Me peignant pour autrui je me suis peint en moy de couleurs plus nettes que n'étaient les miennes premières (LesEssais,II,1 ![]() 16Alors qu'il feint de se confesser par petites touches, par lopins, comme il se plaît à l'écrire, le philosophe laisse soudain parler les autres à sa place, au risque d'abuser le lecteur. Il ne laisse pourtant pas la voix des autres étouffer la sienne, ne [disant] les autres sinon pour d'autant plus [s]e dire (LesEssais,I,25). La pensée d'Epicure fournit la matière de son jugement mais la démarche de Montaigne est tout à fait originale et les mots de Foucault permettent de bien la cerner: Le mouvement qu'il cherche à effectuer ne consiste pas à poursuivre l'indicible, ou à révéler le caché, le nondit, mais à capter au contraire le déjàdit, à rassembler ce qu'on a pu entendre ou lire, et ceci pour une fin qui n'est rien de moins que la constitution de soi1. 17Montaigne revendique sans honte que certains de ses premiers Essais puent un peu l'éstranger (LesEssais,III,5). Ce désaveu est déjà, pour Jean Starobinski, une façon de reprendre l'initiative[]. Si le discours de ces Essais était d'emprunt, le métadiscours qui accuse l'emprunt restitue à Montaigne la fonction de juge intègre2. La soumission à autrui sert à établir un rapport réfléchi à soimême. Il y a compatibilité de l'imitation et de l'autonomie du discours dans la notion de choix qui intervient et qui dévoile une partie de l'emprunteur. Audelà du je, qui permet au philosophe d'éviter le il du pouvoir, de Dieu, du roi, du père et le nous de l'glise, il y a un témoignage d'humanité, au sens de bagage commun pour une destinée commune et finie. Epicure est au premier rang du voyage. lastbarons nike free run Licenciement économique http://www.lastbarons....er/ Jésus chassant les ma |